La ponctuation et son influence sur la pensée

La ponctuation, longtemps inexistante, prenait gentiment forme durant les IIIe et IIe siècles av. J.-C., sous des grammairiens érudits.

Depuis lors, elle a fait beaucoup de chemin jusqu’à un usage parfois maladroit de nos jours. Par les traducteurs aussi…
En effet, qui n’a pas, au cours de sa vie, été agacé par des signes de ponctuation souvent mal maîtrisés? Ou n’a pas vu le sens ni vraiment compris la raison d’une virgule placée à un endroit arbitraire de la phrase? Le point-virgule, les deux-points, le point, le point d’interrogation, le point d’exclamation, les guillemets, les parenthèses, les tirets ou encore les points de suspension ont tous leur histoire propre, mais forment ensemble comme une famille qui fait (re)vivre la langue..

Histoire et évolution

Lorsque nous parlons, notre voix monte, descend, observe des temps d’arrêt, marque des pauses plus ou moins longues. Nous nous en servons pour moduler et cadencer notre discours, imprimer un rythme à la phrase ou à la pensée, lui donner un sens. Nous n’avons pas les signes de ponctuation ni la syntaxe en tête, mais le faisons de manière naturelle.
A l’écrit, pour se faire comprendre des lecteurs, il fallait réinventer, au fil des siècles, ces moyens naturels pour ensuite les transposer de l’oral à l’écrit sous forme de signes que nous connaissons aujourd’hui. Ainsi, au Moyen Age, l’usage des signes de ponctuation s’élaborait souvent avec des valeurs différentes d’aujourd’hui. Le point-virgule était par exemple un marqueur de paragraphe. Dans la langue classique, la ponctuation concerne d’abord l’oral, les phrases sont souvent longues, périodiques. La ponctuation est une ponctuation de souffle au service de la diction du texte, de sa lecture à haute voix. A partir du XVIIIe siècle se met en place une ponctuation syntaxique, la logique se met au service de la clarté pour remplacer le mouvement de l’oral. De nos jours, l’usage correct exige une ponctuation syntaxique sans trop d’effets.

Et aujourd’hui?

Buffon disait déjà «le style, c’est l’homme», mais pour George Sand «la ponctuation est encore plus l’homme que le style». Aujourd’hui, tout est un peu différent, on se soucie moins de la ponctuation lorsqu’on écrit un e-mail, un billet de blog ou un SMS. La ponctuation conserve cependant son importance dans les textes écrits, qu’ils soient de nature juridique ou autre. En effet, si des exemples font sourire du genre «Le cyclope dit:‹Ulysse est idiot.›» ou «Le cyclope, dit Ulysse, est idiot.» d’autres, en revanche, sont carrément fatals: «Grâce. Impossible exécuter» ou «Grâce impossible. Exécuter».
Dépourvu de ponctuation, un texte écrit peut donc être inintelligible, à tel point même qu’elle s’avère parfois être plus importante que l’orthographe même.

 

Titelbild via Flickr: Question mark sign – Colin Kinner (CC BY 2.0)



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